24 février 2006

Le cavalier suédois, ou ma contribution dans le monde de Farenheit 451



Un lecteur a évoqué dans les commentaires du post d'hier les hommes-bibliothèques de Farenheit 451, de Ray Bradbury. Pour mémoire, dans le monde futuriste décrit par ce roman, les livres sont interdits, et seule une bande de rebelles vivant dans la nature essaie de conserver la culture : comme les livres ont quasiment tous disparus, chaque membre est chargé de transmettre et d'entretenir ses souvenirs d'un ou de plusieurs ouvrages qu'il a lu dans le passé. Bibliothèques parlantes. Quant à moi dans ce monde, je serais Le cavalier suédois, de Leo Perutz.

Parler d’une oeuvre qu’on a lu il y a déjà quelques années, en se basant sur ses seuls souvenirs, n’est pas chose facile. Néanmoins cela permet de vérifier combien cette oeuvre vous a marqué.

Donc, que m'en reste-t-il ?

Ce roman est un conte. Même si le lieu et l’ époque de l’action sont précisés –La Silésie, région aux croisements de la Pologne, de l’Allemagne et de la Bohème, au début du XVIIIeme siècle-, il y règne cette atmosphère intemporelle, ce flou onirique propre aux contes. On y trouve aussi beaucoup d’ingrédients propres à en faire un conte picaresque : une jeune fille innocente à marier, les forges infernales d’un évêque, une forêt contenant des brigands en quête d’un chef, un roi de Suède qui guerroie tout au loin, un homme qui essaie de forcer le destin…Cependant, pas de fantastique, à part peut-être l’ambiance elle-même, d’une inquiétante étrangeté…

Le rythme est soutenu de bout en bout, la construction parfaite ; ce roman fait partie de ceux qu’on lit d’une seule traite. La fin est réellement surprenante : en effet on découvre au dernier moment que…non bien sur, je ne vous en dirai pas plus !! Quoi de plus frustrant que de connaître à l’avance le dénouement ? Par exemple quelqu’un m’avait raconté avant que je ne puisse le voir, qu’à la fin du film Titanic, le navire coulait.

Je n’ai rien lu d’autre de Leo Perutz, mais je pense combler cette lacune tôt ou tard. Tout ce que je sais de lui, c’est qu’il était contemporain de Kafka, et comme lui, Juif Praguois. Il avait également toute l’estime de Borges, ce qui n’est pas rien.

Un auteur à sortir de l’oubli de toute urgence !!!

23 février 2006

Lutter contre l'accelération de l'oubli


Mon vieil ami - E -, qui accessoirement se lance dans un blog video, m'a parlé de archive.org. Qu'est-ce que archive.org ? C'est une démarche très wikipedienne : il s'agit de constituer une banque d'archives multimedia mondiale, accessible à tous. La bibliothèque d'Alexandrie adaptée au XXIeme siècle. On peut y telecharger ou visionner des tonnes de films, documentaires, émissions de radio, concerts...et on peut en donner aussi, le tout gratuitement. La page d'accueil précise que beaucoup d'informations, dont des relativement récentes comme de vieilles émissions de télé, ne sont pas encore disponibles pour tous, car nous sommes encore "au moyen-age du numérique": un grand nombre de documents visuels ayant déja disparu, tels beaucoup de films des tout débuts du cinéma, fondus pour récuperer les molécules d'argent qu'ils contenaient.

N'est-ce pas finalement paradoxal ? Jamais l'être humain n'a été autant bombardé d'informations, et jamais les informations n'ont disparu aussi vite. Finalement, il restera peut-être plus de choses de ce moyen-age que nous critiquons, mais qui a su produire des media ayant défié le temps (c'est solide, les parchemins en peau de mouton finalement !!! En tout cas, surement plus conservable à long terme qu'un disque dur).

Combien d'années ont d'espèrance de vie des données sur ordinateur, au sens strictement physique ? Au bout de combien de temps faut-il les transvaser ? On dirait bien que la lutte contre le temps est plus dure et plus pressante de nos jours, ne serait-ce qu'à cause de la quantité d'infos sans cesse grandissante.

Je ne sais plus quel philosophe disait qu'une culture orale est plus vivante qu'une culture écrite, car pour la posséder il faut la connaitre, l'avoir en soi. Il est d'ailleurs connu que les individus dans les peuples sans écriture ont une mémoire prodigieuse, comparée à un occidental moyen. Les ethnologues ont souvent enregistré des vieux bardes pouvant réciter de tête les milliers de vers composant une épopée...



Bref, j'ai donné quelques films à archive.org (sur les avions :P)




photo de la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie.


21 février 2006

Triste anniversaire



Aujourd'hui 21 Fevrier 2006, marque le quatre-vingt dixième anniversaire du début de la bataille de Verdun, ce face-à-face très personnel entre la France et l'Allemagne. Peut-être 600.000 morts jusqu'en Décembre 1916, des unités qui perdent en moyenne les deux tiers de leur effectifs en une semaine...


Sur ce site du gouvernement, on peut chercher les tués pendant la grand guerre portant votre nom de famille ; me concernant, j'en ai trouvé 17. Le plus jeune n'avait pas dix-huit ans.

19 février 2006

A une serveuse




Quel age avait-elle ? Autour de vingt-cinq ans. Son nez était petit, et s’épaississait au niveau du front. Son visage rond lui adoucissait ce profil grec, mais n’enlevait rien à son air volontaire. Ses cheveux blonds étaient regroupés en un chignon de travail, qui loin de rendre son apparence stricte, permettait d’apprécier toute la grâce de sa nuque. La particularité de ce bar était d’ouvrir à cinq heures du matin ; il était une dernière étape pour les fêtards et pour le personnel des pubs après la fermeture, ainsi fatalement que toute une faune interlope. Il n’y avait pas assez de tables pour justifier l’emploi de deux serveuses, mais assez pour en épuiser une. Cependant, elle travaillait avec efficacité.

Comme je vous admirais, vous qui saviez remettre les gros lourds à leur place, sans vous départir de votre sourire et de votre calme !!! Vous saviez leur faire comprendre clairement tout le ridicule de leurs intentions. Ils en ressortaient penauds, mais au moins n’étaient-ils pas déçus. Vous aviez l’air sûre de vous sans avoir l’air inaccessible, votre volonté d’être sympathique sans donner dans la séduction, m’avait précisément séduit. La fin de mes nuits blanches, et le début des journées qui s’ensuivaient s’en trouvaient mieux parties.

J’étais sous le charme de votre travail.



Et je n’espère pas vous tutoyer un jour, afin de ne pas gâcher notre relation professionnelle !




texte envoyé à coïtus impromptus.

17 février 2006

Voila

...le début du projet dont je parlais et que j'ai dépoussieré ; sous réserves d'éventuelles modifications, car j'ai repris mes notes, et j'avoue qu' à quelques années de distances, j'ai des fois du mal à me rappeler ce qu'elles peuvent signifier...Mais l'idée me motive toujours, et j'espère bien le boucler d'ici quelques mois !! ( ça commence quand c'est écrit en italique hein ;) )









Ecoutons Jean-Yves Arquebuse (pseudonyme d'un futur écrivain) :

"Concept difficilement cernable que celui de mediocrité : censément la moyenne jugée négativement. Etre médiocre c'est être moyen, donc au dessus de la nullité. Or le médiocre s'expose à plus de mépris que le nul, car le nul peut provoquer des réactions (le nul a même ses adorateurs ) ; il interpelle plus que le médiocre. Pourrait-on en conclure que la vraie nullité, c'est de ne pas l'être assez ? Pourtant le médiocre peut aussi confiner au sublime, et ce sublime découle de son esthétique. Un parcours sans fautes est souvent ce qui le dissimule le mieux, et par-là ce qui permet de le détecter au mieux. Sa beauté se révèle alors dans toute la fraicheur de l'inattendu ; quel miracle ne faut-il pas pour réussir l'équilibre parfait, loin des antipodes, eurythmie d'autant plus souveraine qu'elle est involontaire !!! Ce miracle, je veux le faire découvrir au public. D'ordinaire, le balancier de notre jugement s' incline-t-il à peine, que nous procédons déja à une catégorisation manichéenne. La moyenne, répètons-le, est tôt ou tard déconsidérée, du moins tacitement. L'équité ne fait pas partie du champs perceptif humain.

Il faut oser le proclamer : des pans entiers, des isthmes entiers de la médiocrité restent à explorer. On pourrait rétorquer que Flaubert l'a fait depuis longtemps, et que là-dessus Perec a surenchéri. Je dois réussir à me faufiler entre les deux. Flaubert n'était pas un véritable esthète du médiocre - en dépit de son dictionnaire des idées reçues -, son oeuvre est entachée de parti-pris. Perec est plus un topographe qu'autre chose. Aucun n'a su trouver la bonne distance,permettant au regard de l'ethnologue de s'exercer. Mieux que de la dénoncer, il faut rechercher la médiocrité méticuleusement, savoir la repérer sur son fond terreux, en dépoussierer soigneusement les contours afin de préserver son éclat originel. La littérature du dix-neuvième siècle a dévalué notre vision du médiocre, elle y a introduit la notion de pêché. Il est nécessaire d'en retrouver l'essence.

On pourrait par exemple composer une "vie des médiocres bibliques" : ainsi la vie des treize petits prophètes ( par opposition aux trois grands : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel). Nahum, Habacuc, Sophonie, Amos...combien de puritains ont porté leurs prénoms ? Mais ici, à cause de la démonstration, ma théorie s'avance à découvert. L'indignation et le mépris peuvent s'élancer. L'indignation va bien sûr saisir la perche qui lui est tendue : la subjectivité. "De quel droit vous permettez vous...sur quoi vous basez vous pour...", l'habituelle publicité gratuite. Par contre le mépris - à la chiquenaude dévastatrice - est infiniment plus dangereux : "la pauvreté du concept originel de ce roman -présumé faire du neuf avec du vieux, ce qui n'est pas très neuf - en annule tout interêt d'avance". Je devrai donc attaquer le premier. Le portrait que je veux faire doit être chargé d'une brutalité implicite. Cela commence par le choix complètement arbitraire de la victime. Puis ensuite, brocher sa biographie de façon à ce que toute la saveur insipide en ressorte d'elle-même.

Mes pensées n'étaient pas assez développées pour en faire de la philosophie, et pas assez élliptiques pour en faire de la poésie : qu'à cela ne tienne, j'en ferai de la prose !!!

Et pour tout ça, une façon de se faire remarquer : ne pas hésiter dès la première oeuvre à paraitre suffisant, à se considérer comme une autorité. D'emblée définir le terrain et afficher ses intentions, sous peine d'être écrasé par "le demi-monde de la culture, les demi-intellectuels" comme disait Gombrowicz. Dès l'introduction, appuyer son projet en indiquant dans quelles strates on évolue, du style : "la médiocrité est souvent une lointaine descendante du succès. Qui se souvient que le plus grand succès théatral du XVIIeme siècle fut Timocrate de Thomas Corneille, même pas le grand, mais son frère ?

A chaque époque son air du temps, cela va de soi. Le tout est d'être le premier à l'exprimer. Le génie n'est peut-être qu'une question de rapidité.








A suivre donc...en attendant, j'attends vos commentaires, allez-y lachez vous, je sais encaisser, attaquez en boom'n zoom !!!

16 février 2006

Un peu de sexologie


Il faut croire que la Saint-Valentin m'inspire !!! De toute façon, il n'y a que ça qui marche, le SEXE, si vous voulez que votre site marche,vous êtes obligé de mettre des mots -clés saillants comme SEXE BITE COUILLE POILS NICHONS VIOLONISTE pour que Google les détecte dans ses recherches sur le SEXE BITE COUILLE POILS NICHONS VIOLONISTE. Cependant, mon propos ici se veut plus évolué que du simple SEXE BITE COUILLE POILS NICHONS VIOLONISTE ; en effet, un des grands malentendus entre hommes et femmes vient du fait que d'un point de vue strictement physique, leur maturité sexuelle n'est pas à leur maximum au même age. Cette maturité va en augmentant jusqu'à un pic, pour diminuer après.

Le plus haut point chez les hommes se situe à...18 ans.

Or chez les femmes, ce point est situé à...36 ans. On comprendra donc qu'aux mêmes ages, nous ne somme pas travaillés par notre corps de la même façon.

On comprendra aussi pourquoi les femmes d'age mur semblent plus préoccupées par le sexe que les jeunes filles.

C'est alors que l'évidence s'est imposée à moi : pour que chacun ait l'équivalent quantité d'intensité sexuelle, il suffirait de faire saillir les jeunes hommes de 18 ans avec les jeunes femmes de 36 ans, ceux de 19 avec celles de 35, ceux de 20 avec 34, et ainsi de suite.

ET DONC, l'idéal serait, dans un esprit tout socratique, que les hommes et les femmes aient des relations sexuelles avec des personnes correspondant à leur age sexuel !!! Nous verrions ainsi des femmes expérimentées initier des jeunes hommes plein de fougue à la volupté de la chair, et ces mêmes jeunes hommes combler les attentes de ces mêmes femmes mûres, et vice versa avec les jeunes filles et les messieurs dans la force de l'age !!!

Aussi, j'ai calculé pour vous la Table de corrélation sexuelle : pour que chacun puisse découvrir l'age de son partenaire idéal !!!



TABLE DE CORRELATION SEXUELLE



AGE HOMMES /FEMMES


18 = 36
19 = 35
20 = 34
21 = 33
22 = 32
23 = 31
24 = 30
25 = 29
26 = 28
27 = 27
28 = 26
29 = 25
30 = 24
31 = 23
32 = 22
33 = 21
34 = 20
35 = 19
36 = 18


On notera que l'age de coincidence sexuelle est de 27 ans.



Et au dela de 36 ans, me-direz vous ? Les courbes s'éloignent trop pour une parfaite synchronisation : et qu'importe, à cet age-là hommes et femmes peuvent commencer à être en accord !!!





(illustration tirée d'un catalogue de sex-shop japonais des années trente, trouvée sur l'incontournable rotten.com )












SEXE BITE COUILLE POILS NICHONS VIOLONISTE

13 février 2006

L'amour, c'est comme le combat aérien.




L'approche de la Saint-Valentin me rend d'humeur poétique...

Aussi, à l'usage des garçons lisant ce blog, j'ai décidé d'exposer mes vues sur l'amour, dont les règles ressemblent à s'y méprendre à celles du combat aérien.

Nous autres les hommes, sommes physiques et brutaux, nous fonctionnons à l'energie pure, tout cela est bien connu.

Or les femmes sont des êtres souples, agiles, fonctionnant à la subtilité, la chose est également de notorieté publique.

Or, si nous considérons les avions de chasse de la seconde guerre mondiale, nous constatons que :

- Les avions allemands et américains n'étaient pas très maniables, mais disposaient d'une bonne puissance moteur ; nous parlerons d'energy fighters.

- Les avions russes et japonais étaient de vrais avions d'acrobatie, mais plutot légers ; on parle dans ce cas d'angle fighters.

Pour les premiers, il était fortement déconseillé d'engager le combat en dogfight : en français combat tournoyant. Cela signifie en effet se mettre à tournoyer dans tous les sens, en essayant de coincer l'autre dans son viseur. C'est très joli à regarder. Les seconds étant de vrais cerf-volants, ils pouvaient se permettre de virevolter gracieusement autour des gros lourdauds, avec des petits rires moqueurs.

La meilleure solution pour, à défaut de gagner, du moins rester entier contre des Russes ou des Japonais, était de pleinement jouer sur la puissance : sachant que dans tout combat aérien quel qu'il soit, il est vital de CONSERVER L'AVANTAGE DE LA VITESSE ET DE L'ALTITUDE, il fallait alors se mettre hors de portée le plus loin et surtout le plus haut possible, et pratiquer du boom and zoom, c'est à dire : plonger en piqué, tenter sa chance en un seul passage, et quelque soit le résultat de l'attaque, profiter de l'energie accumulée dans la descente pour regagner de l'altitude vite fait.

De même, il ne faut donc pas se laisser entrainer à leur courir après en les serrant, sachant que leurs virages sont beaucoup plus secs, en deux coup de manche à balais on risque d'être emporté par son élan et de se retrouver tout bête, pendant que le gracieux adversaire sort de votre champs de vision, et finit par vous retomber dessus. Il faut amorcer de plus grands virages, plus distanciés, histoire de garder de la marge de manoeuvre.

Et au moindre pépin, grimper, grimper, et reprendre de la hauteur. Et ne jamais descendre au dessous de 400 km/h.


Et avec les filles ? C'est pareil.





(Le superbe Hawker Tempest mk V de l'illustration, qui est celui de l'as français Pierre Clostermann, a été dessiné par Al Bentley.)


12 février 2006

Mon nouveau livre de wc.





Attention, comme le dit Henry Miller dans l'ouvrage ci-dessus, le choix de ce que vous lisez aux cabinets n'est pas anodin. Moi-même je lis en ce moment les maximes et pensées de Chamfort. Non pas le chanteur de variétés, mais Sebastien-Roch Nicolas, de son vrai nom. Il nait en 1740, il est probablement le fils illégitime d'un homme d'église. Il sera un véritable produit du XVIIIeme siècle, homme de lettres, homme à femmes, homme engagé qui s'investira dans la révolution, homme libre qui preferera se suicider plutot que d'etre emprisonné par Robespierre, en 1794.

Son aphorisme le plus célèbre est la plus perdue des journées est celle où l'on n'a pas ri. Mais il a dit plein d'autres chose magnifiques, comme :



On ne cesse d'écrire sur l'éducation, et les ouvrages écrits sur cette matière ont produit quelques idées heureuses, quelques méthodes utiles, ont fait, en un mot, quelque bien partiel. Mais quelle peut être, en grand, l'utilité de ces écrits, tant qu'on ne fera pas marcher de front les réformes relatives à la legislation, à la religion, à l'opinion publique ? L'éducation n'ayant d'autre objet que de conformer la raison de l'enfance à la raison publique relativement à ses trois objets, quelle instruction donner tant que ces trois objets se combattent ? En formant la raison de l'enfance, que faites vous que de la préparer à voir plutot l'absurdité des opinions et des moeurs consacrées par le sceau de l'autorité sacrée, publique, ou législative, par conséquent, à lui en inspirer le mépris ?

N'est-ce pas là résumer tout le débat actuel sur l'éducation ?


Ou encore :

Il y a deux classes de moralistes et de politiques : ceux qui n'ont vu la nature humaine que du coté odieux ou ridicule, et c'est le plus grand nombre : Lucien, Montaigne, La Bruyère, La Rochefoucauld, Swift, Mandeville, Helvetius, etc. Ceux qui ne l'ont vue que du beau coté et dans ses perfections : tels Shaftesbury et quelques autres. Les premiers ne connaissent pas le palais dont ils n'ont vu que les latrines. Les seconds sont des enthousiastes qui détournent leurs yeux loin de ce qui les offense, et qui n'en existent pas moins. Est in medio verum.*


*le vrai est au milieu.


Une dernière, plus courte :

La meilleure philosophie, relativement au monde, est d'allier, à son égard, le sarcasme de la gaieté avec l'indulgence du mépris.



Je vous laisse, je dois aller aux wc...;)

11 février 2006

Portrait de ma vie actuelle

09 février 2006

Toute la profondeur de mon avis sur l'affaire des caricatures danoises










1

Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation.

2

Les images qui se sont détachées de chaque aspect de la vie fusionnent dans un cours commun, où l'unité de la vie ne peut plus être rétablie. La réalité considérée partiellement se déploie dans sa propre unité générale en tant que pseudo-monde à part, objet de la seule contemplation. La spécialisation des images du monde se retrouve, accomplie, dans le monde de l'image autonomisé, où le mensonger s'est menti à lui-même. Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant.

3

Le spectacle se présente à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme instrument d'unification. En tant que partie de la société, il est expressément le secteur qui concentre tout regard et toute conscience. De fait même que ce secteur est séparé, il est le lieu du regard abusé et de la fausse conscience ; et l'unification qu'il accomplit n'est rien d'autre qu'un langage officiel de la séparation généralisée.

4

Le spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images.

5

Le spectacle ne peut être compris comme l'abus d'un monde de la vision, le produit des techniques de diffusion massive des images. Il est bien plutôt une weltanschauung* devenue effective, matériellement traduite. C'est une vision du monde qui s'est objectivée.


Extraits de La société du spectacle, de Guy Debord (1931-1994).


*conception du monde.





Même si je n'aurai jamais voulu fréquenter ce vieux grincheux alcoolique, grand prêcheur du "c'était mieux avant, on nous a volé la vraie vie" (dommage qu'il ne nous ait pas mieux expliqué ce que c'était, la vraie vie), je resterai toujours fidèle à son analyse du monde moderne. Tant qu'il ne dit pas "ilfauyaka", je suis d'accord avec lui.

Même si je suis aussi d'accord avec Frederic Schiffter, pour penser que c'est dans l'essence de l'homme de produire du spectacle, quand même, il y a des fois où on abuse.

07 février 2006

Lien interessant : le dernier en date

L'Espiègle parle dans son blog de ce coin littéraire très sympa : sur coïtus impromptus, chaque semaine un thème est proposé, et libre aux lecteurs de pondre un petit texte dessus, qui est ensuite publié sur le blog. Au moment où je tape ces lignes, j'ai le brouillon du mien sur les genous, qui attend juste une conclusion (vous avez vu, je vous fait partager les affres de la création en direct-live !!! ). Je pense donc le livrer dans la soirée, le thème imposé est : trombone fatigué. Thème qui m' a franchement inspiré d'ailleurs !!!

Donc, message à mon fan-club : guettez l'apparition de ma prose sur coïtus !!!





Une heure plus tard...

Arg, j'arrive pas à faire marcher leur messagerie outlook...M'en fiche, en attendant, pour mon public, je vais interpreter la rue Lepic euh non, je veux dire, je publie en exclusivité mon texte intitulé :



Un trombone fatigué.





Il était une fois un trombone fatigué, et pour cause : il était malade. Or quand un trombone est malade, on dit qu'il souffre de thrombose. Notre trombone avait peur que sa maladie ne le fasse se déplier et n'être plus qu'un long serpent de cuivre, ce qui aurait mis un terme à sa carrière musicale. Le seul métier s'offrant à lui auquel cas, serait celui -misérable- de porteur d'eau, au dessous d'un évier quelquonque. Et l'idée de devenir une canalisation lui était très douloureuse, presque autant que sa maladie elle-même !!

Mais en quoi consistait sa maladie ?

Comme chacun le sait, une thrombose est l'obstruction d'un tuyau par un caillot sanguin. Ignoriez-vous que les trombones sont pourvus d'une circulation sanguine ? Oui ils sont vivants, car un souffle de vie vient les habiter ; les musiciens en sont la cause. Cependant, un trombone thrombosé s'en trouve bouché, et n'attire plus les foules. Et même si, de nature discrète, les trombones préfèrent oeuvrer en coulisse, il leur est necessaire de recevoir une bonne inspiration, ou plutôt une bonne expiration.

Que faire sans cette brise intérieure, se lamentait donc notre trombone ?

Heureusement, une brave femme-tronc, celle-là même chantée par Bobby Lapointe, la femme-tronc qui est si bonne, vint à passer, et se sentant une mystérieuse parenté avec l'infortuné instrument, le recueillit et le soigna à l'aide d'une décoction à base d'ail (qui possède des propriétés anticoagulantes). La bonne tronc, musicienne dans l'âme, adopta le trombone, et lui insuffla à nouveau la vie.

Moralité : nous avons parfois besoin du souffle des autres pour respirer.






PS : pourquoi la thrombose -avec un h-, est-elle la maladie du trombone -sans h- ? Voila de quoi raconter une autre histoire...

06 février 2006

Une gloire locale méconnue !!


Nice ne fait pas qu'exporter des olives et des pétasses pour la télé, elle produit parfois des gens interessants, tel Gustave-Adolphe Mossa (1883-1971).

Fils d'Alexis Mossa (1844-1926), lui-même déja peintre paysagiste reconnu, Gustave-Adolphe est un peintre symboliste, et tourmenté. Et encore, c'est rien de le dire. Le tableau presenté ici s'intitule David et Bethsabée. Pour mémoire, le roi David s'était épris de la femme de son géneral Uri, et pour l'épouser il envoya son mari se faire tuer contre les Philistins. Toute l'oeuvre de Mossa est hantée par la mort, et par un rapport, euh...difficile avec les femmes. Si ma mémoire est bonne (ce qu'elle n'est surement pas), c'est en partie parce que sa femme l'avait trompé.

Mossa fils est un personnage assez surprenant pour la Côte d'Azur, et méritait à ce titre qu'on parle de lui. Il a d'ailleurs dessiné des chars pour le carnaval...Je ne crois pas qu'ils furent réalisés, et c'est bien dommage...

J'ai trouvé ce lien très sympa sur ces oeuvres ; cliquez sur la main pour rafraichir les tableaux ( je tiens à vous prévenir, Mossa est pas mal morbide).

04 février 2006

Séquence nostalgie part II



Bande de petits chanceux, vous avez encore droit à une de mes oeuvres de jeunesse !!! De plus suivie par une courte explication de texte pour la clarifier !!!






DE BELLO GALLICO



Il se réveilla de lui-même, sans aucune aide extérieure. Son sommeil, pour si difficile qu'il fût à obtenir, était une fois acquis inaccessible à toutes formes d'agression sonore. Sitôt levé, les objets avaient l'habitude de se précipiter affectueusement sur lui. La chaise ne manquait jamais de se jeter sur ses orteils dès qu'il s'en approchait, ni la table de lui chatouiller le genou au moment où il s'asseyait. En entomophile averti, il veillait également à ce que les blattes et les acariens qu'il hébergeait ne manquassent de rien. Se déplaçant tantôt avec l'adresse d'un chamois, tantôt avec la souplesse d'un chat, il se dirigea vers la salle de bain. Là, il pouvait contempler avec satisfaction le tas de linge vaincu, monument élevé de ses mains pour sa propre gloire. Il était toujours très pointilleux quant à son hygiène personnelle. Par contre, il était venu à bout, à lui seul, de la cohorte de mesquineries du quotidien, et c'est à peine s'il portait attention aux vains sarcasmes que le temps essayait de lui infliger, jour après jour, en recouvrant ses meubles de la matière dont il venait, et où il retournerait un jour -il consentait malgré tout de temps à autre, à se pencher sur le sort d'une misérable assiette toute crottée, généralement la première d'une pile de solliciteuses muettes, figées dans leur attente.

Il aimait à asperger d'eau son auguste visage. Ainsi, il se sentait Clovis habité par l'audace d'un Napoléon.* Après cette courte ablution, il alla prendre son petit déjeuner. Chemin faisant, il devait encore repousser les assauts de son bon peuple avant de parvenir à la cuisine. Il n'avait nul besoin de décorum ou d'étiquette particulière pendant ses collations, sa bienveillance ne pouvait que l'amener à se sustenter au milieu des vétérans de ses précedents repas. Cependant, nul ne devait troubler la sérénité de sa vie intérieure à ce moment précis. Il pensait déja au jour nouveau qu'il allait affronter, une fois les limites de son royaume franchi. Royaume qu'il ne désespérait pas d'ailleurs de transformer en empire, qui sait, au moment voulu.

Il lui faudrait ensuite procéder à des ablutions plus prolongées, puis au choix de sa toilette (ses sous-vêtements étaient ses seuls et plus fidèles gardes du corps), avant de partir pour des conquêtes qui l'attendaient, là dehors, depuis toujours. Certes, la tache risquait de se réveler des plus ardues, et les provinces déja sous son controle lui donneraient certainement encore du fil à retordre.

Mais comment tout cela aurait-il pu l'atteindre, lui, l'imperator, pour qui chaque matin le soleil se levait afin de renouveler son triomphe ?




*Note du traducteur : allusion au baptème de Clovis et au sacre de Napoléon. Ici, Clovis se serait baptisé lui-même, à l'instar de Napoléon prenant la couronne des mains du pape, et se couronnant lui-même.



Ce texte s'inspire manifestement de l'oeuvre maitresse de Jules César, De bello Gallico (la guerre des Gaules), où César se met en scène en parlant de lui à la troisième personne du singulier. On peut également le voir comme une illustration de la pensée d'Arthur Schopenhauer : le monde est ma volonté et ma représentation.

03 février 2006

Dictionnaire des tracas et Pazuzu



Mon super pote André m' a offert pour Noël ce curieux dictionnaire nommé le baleinié. Comme l'indique le titre du post, il s'agit d'un dictionnaire qui recense de façon totalement partiale tous les petits tracas de l'existence, situations ou choses, qui jusqu'ici restaient sans nom. Pourquoi partiale ? Parce que les auteurs y ont inventé tous les vocables utilisés.

Exemples de définitions :


Chacard : nm. Pied de table contre lequel vous vous heurtez violemment le petit orteil. Prov. "A tout chacard son orteil."

Meufi : nm. Buée sur les lunettes pendant l'absorbtion d'une boisson chaude.

Pio-pla : nm. Elastique de slip ou de chaussette qui blesse et qui boudine.

Troosme-agoudi : nm. P.Q se coupant trop court à chaque tirage.

Troosme assis : nm. Absence de P.Q

Troosme empolèse : déception de s'apercevoir qu'une certaine personne "fait" comme tout le monde.

Jagun : nm. Langage à base d'infinitifs, de "il", de "elle", et de "on", pour éviter le "tu" et le "vous" (avec la maman de sa fiancée, son vieil instituteur communiste...)


Ainsi, des tas de petits enervements prennent vie en prenant un nom. Je pense que cette démarche d'essayer de prendre un peu de controle sur les choses en les personifiant, est vieille comme l'humanité ; ne peut-on y voir un lien direct avec les démons assyriens comme Pazuzu (vous l'avez déja vu dans l'exorciste ou le démon de la tour Eiffel), qui incarnait le vent du sud-ouest, le vent qui apporte la peste des marais ? Si on accroche à cette vision des choses, c'est absolument jouissif à lire. Jean Yanne avait publié un dictionnaire de ses propres mots, qui a l'air dans le même esprit. De plus, un deuxième volume vient de sortir !!!



P.S : une question pour les amateurs de littérature anglaise : n'était-ce pas un jeu de Lewis Carroll ; d'inventer son propre vocabulaire ?

01 février 2006

Le pape sous copyright



Je n'ai pas beaucoup d'inspiration ce soir ; aussi je fais juste un copier-coller de ce message reçu par la bibliothèque aujourd'hui :

Bonjour,

Le Times est un vénérable journal conservateur, qui entretient
un correspondant permanent au Vatican. Alors quand une
nouvelle est publiée par ce respectable journal britannique
le 23 janvier, on ne peut pas croire à un canular.

"Libreria Editrice Vaticana", la maison d'édition officelle
du Vatican vient de décider d'apposer un copyright
sur les mots du Pape. Ou plutôt des Papes, puisque la
décision vaticane s'étend aux prédécesseurs, jusqu'à Jean XXIII.

Ainsi, le "médium" de la parole divine s'arroge un droit
sur la vérité révélée, et son éditeur compte bien le monnayer.

Signe des temps pour notre temps des signes.

Il y a plus d'un catholique qui va se sentir mal à l'aise.
S'agit-il d'une "oeuvre personnelle de création" relevant du
"droit d'auteur", ou bien d'un travail, d'une mission, dont
l'essence serait supérieure ?

Le porte parole du Vatican a lâché la véritable explication :
il s'agirait de se défendre contre les éditions pirates !

Les grands mots sont de sortie, y'a plus qu'à s'incliner.

Si même le Pape, ou plutôt son éditeur, prend ses cours de droit
auprès de Vivendi, au moment du Midem en plus....

Hervé Le Crosnier