De Quincey
Zut. Je viens de verifier : les confessions d'un mangeur d'opium anglais ont été traduits par Pierre Leyris (LE traducteur de la littérature anglophone). Je ne connaissais que la traduction de Musset, traduction reputée pour etre plus un fruit de l'imagination du poète que l'oeuvre originale.
Du coup, mon vieux reve d'en faire une véritable traduction devient inutile...
Mais du coup je vais en profiter pour toucher deux mots de l'un de mes auteurs preferés.
Thomas de Quincey (1785-1859) est un Anglais victorien typique. A première vue du moins, car il est un mélange de Monty Python et de William Burrough. Tout au long d'une vie passée à courir après l'argent, il écrira quantités d'articles, d'essais, de nouvelles. Accro au laudanum, un "fortifiant" à base d'opium en vente dans les pharmacies de l'époque, son expérience lui sert à écrire le mangeur d'opium, qui le rend célèbre à défaut de le rendre riche. Son oeuvre la plus célèbre est sans conteste de l'assassinat consideré comme l'un des beaux-arts, somme d'humour noir qui a sa bonne place dans l'anthologie d'André Breton.
Cependant, c'est surtout l'ironie qui est elevée au rang d'un art chez lui. Elle est parfois clairement visible, comme dans ce club so british qui met au point une esthetique du meurtre pour juger les colonnes de fait-divers, comme d'autres jugent les comptes-rendus d'exposition, mais surtout, et c'est la que je le trouve fascinant, son écriture ciselée semble tellement détachée qu'elle en devient ambigüe ; et l'ironie devient trouble. Comme dans les derniers jours d'Emmanuel Kant : hommage à la fin d'un génie ou chronique d'une décheance ordinaire ? Je n'ai toujours pas tranché.
Il s'interesse à tout : il a l'eclectisme des gens dans le besoin, tout l'inspire et s'il peut vendre son article, tant mieux. Rien que les titres de ses oeuvres sont un régal : comment ne pas etre accroché, au milieu d'un rayon de bibliothèque, par la nonne militaire d'Espagne, la casuistique des repas romains, la toilette de la dame hebraïque ?
Il semble habité par une faute : il écrit un essai sur Judas Iscariote, la malle-poste anglaise contient aussi l'idée de redemption, d'échapper à l'erreur. A seize ans, il s'enfuit de son collège. Il erre dans les rues de Londres. La faim le fait s'évanouir dans la rue. C'est une pauvre fille de la rue de dix-sept ans qui le reanimera et le soignera. D'elle, il ne connaitra que son prénom ; Anne. Il veut la revoir, lui donne un rendez-vous. Rendez-vous qui est manqué, et Anne disparaitra à jamais pour lui. Et l'idée de réparer la perte restera en filigrane le long de son oeuvre.
Son écriture est plus que chez n'importe qui, un reflet de son langage : des témoins racontaient qu'en société, les phrases sortaient de sa bouche parfaites, et n'attendant plus qu'à être imprimées. Un monsieur qui parle comme dans un livre.
Cette manière (car c'est ça qui compte, la manière ) , m'a inspiré une petite bêtise que je suis en train de pondre (j'écris ça ici, dans le but de me mettre la pression et d'aller jusqu'au bout ;) )
1 Comments:
oui,c'est bien que tu te foute la pression afin d'enfin finir ce que tu commence, car l'excuse du" je ne traduis pas car ça a été fait" ne fonctionne pas!
Il serait bon que tu aies un projet personnel qui aboutisse!
Tiens! et évite de le montrer avant d'avoir fini, et d'un premier jet, ne mange pas avant d'avoir ébauché, par exemple
car "tu peux le mieux"
de bellum gallico
thomas de quincey
la basse
ect!
allons finis!
sinon, pas d'epitaphe
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