11 décembre 2005

Quels sont nos nouveaux lieux communs ?






Jacques Ellul, sociologue (1912-1994), a écrit en 1966 une nouvelle exegèse des lieux communs", voulant ainsi faire suite à la première, publiée par Leon Bloy (1846-1917). Exegèse signifiant interpretation des textes sacrés. Et comme les textes sacrés, les lieux communs ont quelque chose de figé, c'est pourquoi il faut les décortiquer.

Bien sur, il y a le dictionnaire des idées reçues de Flaubert, mais à l'époque de sa redaction, Flaubert n'est plus dans une optique de compréhension.

Que dit Jacques Ellul ? Déja, qu'un lieu commun a ceci de redoutable qu'il se camoufle en évidence. Et que chaque lieu commun porte en lui l'embryon de son contraire, qu'il accouchera en reaction à lui-meme. Exemple, une citation de Joseph Proudhon, theoricien anarchiste :

Nous ne concevons pas plus une femme legislatrice qu'un homme nourrice.

Lieu commun de chez commun au XIXeme siècle : "les femmes ne peuvent pas prendre de responsabilités." En reaction, naitra au siècle suivant "la liberté de la femme passe par le travail". Or Ellul démontre bien que ce lieu commun n'a fait que plomber davantage la condition féminine, car il insiste sur sa liberté sans remettre en question la notion meme de féminité, et la femme se retrouve avec un double fardeau, le traditionnel -qui n'a pas bougé d'un pouce- et le moderne qui est de "s'assumer".*

(On peut en conclure que le lieu commun se reproduit par parthenogenèse. )

L'ouvrage d'Ellul va bientot fêter ses quarante ans...Je crois qu'il est grand d'effectuer une mise à jour : quel sont nos lieux communs actuels ?

*Je pourrais parler de la double contrainte que l'homme vit en retour, mais ceci sera l'objet d'un prochain post.

Illustration : Henry Monnier (1799-1877) déguisé en monsieur Prudhomme. Satiriste, auteur de theatre et illustrateur, Monnier créa le personnage de monsieur Prudhomme, prototype du bourgeois gonflé de suffisance, et grand amateur de phrases pompeuses telles : "le char de l'état navigue sur un volcan", ou pire de grandes sentences philosophiques : "otez l'homme de la société, vous l'isolez."

5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

la suite, la suite,je suis impatient !

12 décembre, 2005 00:40  
Anonymous Anonyme said...

Qu'est ce qu'on isole, l'homme ou la société?

18 décembre, 2005 09:51  
Blogger benoit said...

je crois que c'est l'homme...;)

18 décembre, 2005 23:53  
Anonymous Anonyme said...

la société à saciété...

22 décembre, 2005 01:02  
Anonymous Anonyme said...

les blogs

31 décembre, 2005 02:09  

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