Séquence nostalgie part II
Bande de petits chanceux, vous avez encore droit à une de mes oeuvres de jeunesse !!! De plus suivie par une courte explication de texte pour la clarifier !!!
DE BELLO GALLICO
Il se réveilla de lui-même, sans aucune aide extérieure. Son sommeil, pour si difficile qu'il fût à obtenir, était une fois acquis inaccessible à toutes formes d'agression sonore. Sitôt levé, les objets avaient l'habitude de se précipiter affectueusement sur lui. La chaise ne manquait jamais de se jeter sur ses orteils dès qu'il s'en approchait, ni la table de lui chatouiller le genou au moment où il s'asseyait. En entomophile averti, il veillait également à ce que les blattes et les acariens qu'il hébergeait ne manquassent de rien. Se déplaçant tantôt avec l'adresse d'un chamois, tantôt avec la souplesse d'un chat, il se dirigea vers la salle de bain. Là, il pouvait contempler avec satisfaction le tas de linge vaincu, monument élevé de ses mains pour sa propre gloire. Il était toujours très pointilleux quant à son hygiène personnelle. Par contre, il était venu à bout, à lui seul, de la cohorte de mesquineries du quotidien, et c'est à peine s'il portait attention aux vains sarcasmes que le temps essayait de lui infliger, jour après jour, en recouvrant ses meubles de la matière dont il venait, et où il retournerait un jour -il consentait malgré tout de temps à autre, à se pencher sur le sort d'une misérable assiette toute crottée, généralement la première d'une pile de solliciteuses muettes, figées dans leur attente.
Il aimait à asperger d'eau son auguste visage. Ainsi, il se sentait Clovis habité par l'audace d'un Napoléon.* Après cette courte ablution, il alla prendre son petit déjeuner. Chemin faisant, il devait encore repousser les assauts de son bon peuple avant de parvenir à la cuisine. Il n'avait nul besoin de décorum ou d'étiquette particulière pendant ses collations, sa bienveillance ne pouvait que l'amener à se sustenter au milieu des vétérans de ses précedents repas. Cependant, nul ne devait troubler la sérénité de sa vie intérieure à ce moment précis. Il pensait déja au jour nouveau qu'il allait affronter, une fois les limites de son royaume franchi. Royaume qu'il ne désespérait pas d'ailleurs de transformer en empire, qui sait, au moment voulu.
Il lui faudrait ensuite procéder à des ablutions plus prolongées, puis au choix de sa toilette (ses sous-vêtements étaient ses seuls et plus fidèles gardes du corps), avant de partir pour des conquêtes qui l'attendaient, là dehors, depuis toujours. Certes, la tache risquait de se réveler des plus ardues, et les provinces déja sous son controle lui donneraient certainement encore du fil à retordre.
Mais comment tout cela aurait-il pu l'atteindre, lui, l'imperator, pour qui chaque matin le soleil se levait afin de renouveler son triomphe ?
*Note du traducteur : allusion au baptème de Clovis et au sacre de Napoléon. Ici, Clovis se serait baptisé lui-même, à l'instar de Napoléon prenant la couronne des mains du pape, et se couronnant lui-même.
Ce texte s'inspire manifestement de l'oeuvre maitresse de Jules César, De bello Gallico (la guerre des Gaules), où César se met en scène en parlant de lui à la troisième personne du singulier. On peut également le voir comme une illustration de la pensée d'Arthur Schopenhauer : le monde est ma volonté et ma représentation.
Il aimait à asperger d'eau son auguste visage. Ainsi, il se sentait Clovis habité par l'audace d'un Napoléon.* Après cette courte ablution, il alla prendre son petit déjeuner. Chemin faisant, il devait encore repousser les assauts de son bon peuple avant de parvenir à la cuisine. Il n'avait nul besoin de décorum ou d'étiquette particulière pendant ses collations, sa bienveillance ne pouvait que l'amener à se sustenter au milieu des vétérans de ses précedents repas. Cependant, nul ne devait troubler la sérénité de sa vie intérieure à ce moment précis. Il pensait déja au jour nouveau qu'il allait affronter, une fois les limites de son royaume franchi. Royaume qu'il ne désespérait pas d'ailleurs de transformer en empire, qui sait, au moment voulu.
Il lui faudrait ensuite procéder à des ablutions plus prolongées, puis au choix de sa toilette (ses sous-vêtements étaient ses seuls et plus fidèles gardes du corps), avant de partir pour des conquêtes qui l'attendaient, là dehors, depuis toujours. Certes, la tache risquait de se réveler des plus ardues, et les provinces déja sous son controle lui donneraient certainement encore du fil à retordre.
Mais comment tout cela aurait-il pu l'atteindre, lui, l'imperator, pour qui chaque matin le soleil se levait afin de renouveler son triomphe ?
*Note du traducteur : allusion au baptème de Clovis et au sacre de Napoléon. Ici, Clovis se serait baptisé lui-même, à l'instar de Napoléon prenant la couronne des mains du pape, et se couronnant lui-même.
Ce texte s'inspire manifestement de l'oeuvre maitresse de Jules César, De bello Gallico (la guerre des Gaules), où César se met en scène en parlant de lui à la troisième personne du singulier. On peut également le voir comme une illustration de la pensée d'Arthur Schopenhauer : le monde est ma volonté et ma représentation.
10 Comments:
Si ce monde-là était votre volonté et votre représentation de jeunesse, qu'est-ce que le fait que vous nous la donniez à lire exprime de votre volonté et de votre représentation actuelles ?
Ma question contient les miennes. Mais me conforme-je à celles que l'on me prêteraient afin de ne pas déstabiliser, ou sont-ce fondamentalement les miennes...? Hi.
Enfin, voici mon légendaire décousu main : j'ai le triomphe modeste.
à quand l'oeuvrre de vieillesse?
et la suite, artiste, va!
c'est plus lisible maintenant que tu l'a tapé...
dois-je reveler ton lourd secret?"le gaucher contrariant", ha,ha!
dans ton histoire, tu ne raconte pas si lors de tes sveltes déplacement dans ton antre, au passage y'a-t'il massacre de sujet rampants au sol?
est-tu le gulliver de l'antre, ou ton monde est-il a ta mesure?surtout, y'a-t'il un serpent et un aigle en ton antre?
compte-tu descendre parmis nous, et commencer ton déclin, tel le soleil?
"que l'on me prêterait". Zut de fôte!
hola hola, je suis obligé d'intervenir... Le titre de l'oeuvre maîtresse de mon vénére maître Arthur Schopenhauer est: "Le Monde comme volonté et comme représentation".
Die Welt als Wille und Vorstellung. "Ma" volonté et "ma" représentation serait entendre qu'à chacun son monde et sa représentation. Très exactement l'opposé de la pensée du maître. Il n'y a qu'une volonté et qu'une représentation...
Je ne vois pas du tout en quoi ce texte, malgré toutes ses qualités, ait un quelconque rapport avec la pensée de Schopenhauer? A moins qu'une lecture erronée du titre du "Monde comme volonté etc". ait fait croire que Schopenhauer s'y adonnait à une espèce de réflexion sur la vision individuelle du quotidien de chacun... Ce qui n'est en rien le cas... Pas du tout. Désolé!!!
Navré Flocon,je sais pertinemment que le titre du chef-d'oeuvre d'Arthur est le mond comme volonté et comme représentation,mais pour moi Arthur ne fait que dire ceci ; à savoir que pour l'être humain le monde est sa volonté et sareprésentation. Même si pour lui l'objet et lui le sujet de perception se conditionnent mutuellement, le sujet a ses perceptions et ses volitions propres. :)
l'humain comme individu ou comme genre?
les deux !!! :)
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