09 février 2006

Toute la profondeur de mon avis sur l'affaire des caricatures danoises










1

Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation.

2

Les images qui se sont détachées de chaque aspect de la vie fusionnent dans un cours commun, où l'unité de la vie ne peut plus être rétablie. La réalité considérée partiellement se déploie dans sa propre unité générale en tant que pseudo-monde à part, objet de la seule contemplation. La spécialisation des images du monde se retrouve, accomplie, dans le monde de l'image autonomisé, où le mensonger s'est menti à lui-même. Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non-vivant.

3

Le spectacle se présente à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme instrument d'unification. En tant que partie de la société, il est expressément le secteur qui concentre tout regard et toute conscience. De fait même que ce secteur est séparé, il est le lieu du regard abusé et de la fausse conscience ; et l'unification qu'il accomplit n'est rien d'autre qu'un langage officiel de la séparation généralisée.

4

Le spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images.

5

Le spectacle ne peut être compris comme l'abus d'un monde de la vision, le produit des techniques de diffusion massive des images. Il est bien plutôt une weltanschauung* devenue effective, matériellement traduite. C'est une vision du monde qui s'est objectivée.


Extraits de La société du spectacle, de Guy Debord (1931-1994).


*conception du monde.





Même si je n'aurai jamais voulu fréquenter ce vieux grincheux alcoolique, grand prêcheur du "c'était mieux avant, on nous a volé la vraie vie" (dommage qu'il ne nous ait pas mieux expliqué ce que c'était, la vraie vie), je resterai toujours fidèle à son analyse du monde moderne. Tant qu'il ne dit pas "ilfauyaka", je suis d'accord avec lui.

Même si je suis aussi d'accord avec Frederic Schiffter, pour penser que c'est dans l'essence de l'homme de produire du spectacle, quand même, il y a des fois où on abuse.

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Que n'ai-je encore lu ce livre-là de Debord, moi à qui insupporte tant le spectacle du spectacle...

"Frederic Schiffter (...) : c'est dans l'essence de l'homme de produire du spectacle". Une difficulté peut-être, serait que l'on oublie, ou ignore, qu'il s'agisse de spectacle lorsque c'en est ?

10 février, 2006 19:17  
Blogger benoit said...

J'ai un truc en chantier sur ce thème justement, il faut que je le dépoussière et que je m'y remette !!! En plus j'en ai un autre en tete...(au fait, attention, c'est très très lourd à lire Debord...;) )

10 février, 2006 20:32  
Anonymous Anonyme said...

C'est vrai qu'il me manque les vis (voire les vices ??) de Frankenstein !!

d^_^b

nb : et "Debord", un truc en chantier, faut pas l'achever, avant de le dépoussiérer ??

11 février, 2006 00:35  

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