16 octobre 2006

Philip K. Dick et les joies d'internet


On ne présente plus le grand auteur de Science-fiction Philip K. Dick. On le présente quand même ? Cliquez donc sur le lien, j’ai la flemme de le présenter. J’attendrai que vous ayez fini de lire pour reprendre.


….


Voilà. Donc, en ce moment je lis un recueil de ses romans ; j’ai relu Ubik, qui est l’œuvre de K. Dick à lire si vous ne devez en lire qu’une. Mais je suis maintenant en train de lire un de ses romans qui m’étaient complètement inconnus. Il s’intitule Le guérisseur de cathédrales (1969).

On peut longtemps gloser sur le caractère prophétique de certains ouvrages de SF : celui-là néanmoins m’a paru digne d’intérêt pour vous, chers collègues internautes !!!

L’action se déroule en 2046, dans un monde unifié et réuni par un réseau planétaire de videotéléphones. Le héros exerce la noble profession –en nette perte de vitesse- de guérisseur de poterie. A défaut de clients, il vivote grâce à une pension d’ancien combattant. Il n’est pas le seul, les emplois étant rares, beaucoup de gens stagnent toute la journée dans leur cube d’habitation. Que fait il alors, pour passer le temps ? Il joue à un jeu avec des correspondants « en ligne ».

Extrait :

-Vous avez un titre pour moi ? lui demanda Joe, le stylo en attente.

-Le traducteur électronique de Tokyo a été occupé toute la matinée, répondit Gauk. Je suis donc passé par le petit qui se trouve à Kobe. D’une certaine manière, il est plus – comment dirais-je ? – cocasse que celui de Tokyo.

Il fit une pause, et consulta un bout de papier. Comme celui de Joe, son bureau consistait en une cellule, à peine meublée d’une table, d’un téléphone, d’une chaise en plastique à dossier droit et d’un bloc-notes.

-Prêt ?

-Prêt.

Joe fit une marque au hasard avec son stylo.

Gauk s’éclaircit la voix et lut son papier, un sourire tendu sur le visage ; c’était une expression doucereuse, comme s’il était sur de son coup.

-Celui-ci vient de votre langue, expliqua-t-il en respectant ainsi une des règles qu’ils avaient élaborés ensemble, l’armée éparpillée des occupants de petites cellules de petites fonctions, ceux qui n’avaient rien à faire, ni tache, ni souci, ni problème à résoudre.
Rien que le terrible vide de leur société collective, auquel chacun s’opposait à sa façon, et qu’ils exorcisaient tous ensemble au moyen du Jeu.

-C’est un titre de livre, continua Gauk. Je ne vous donnerai pas d’autre indice.

-Est-il célèbre ? demanda Joe.
Gauk ignora la question et lut :

- « Pourris le liquide stomacal merveilleux. »

-Monacal ? demanda Joe.

-Non, Stomacal.

-Pourris, réfléchit tout haut Joe. Gâte, liquide stomacal…Acide ? (il griffonna ses associations sur le papier, mais se sentait dans une impasse.) Et c’est le cerveau électronique de Kobe qui vous a donné cette traduction ? Bile, décida-t-il soudain. Gâte-bile, le merveilleux, fantastique, extraordinaire, magnifique. (Il écrivit le mot rapidement.) Gâte, ça doit être lié, Gatbi le…(Il l’avait presque.) Gatsby le magnifique, de F. Scott Fitzgerald.
Il jeta son stylo sur la table en signe de triomphe.

-Dix points pour vous, dit Gauk. (Il calcula le total.) Ca vous met ex aequo avec Hirshmeyer de Berlin, juste devant Smith de New York. Vous voulez en essayer d’autres ?
Joe répondit :

-J’en ai un. (Il sortit de sa poche une feuille pliée en quatre, l’étala sur la table et lut :) « La structure des nerfs du tout-puissant féminin. »

Il répondait à Gauk avec la chaude certitude interne d’en avoir trouvé un bon, grace au plus grand cerveau traducteur de Tokyo-centre.

Un phononyme, dit Gauk sans effort. Choline. Colline. La colline de l’adieu. Dix points pour moi. Il prit note de son score.

Furieux, Joe lança :

- « Le cochon y graine la donation épuisée. »

-Encore un bouquin de « La bête fabuleuse était la dynastie approbatrice, » dit Gauk avec un sourire béat. Pour qui sonne le glas.

-La dynastie approbatrice ? répéta Joe sans comprendre.

-Ernest Hemingway.

-Je laisse tomber, fit Joe.

Il était épuisé ; comme toujours, Gauk avait une large avance sur lui dans leur jeu mutuel de retraduire les traductions des ordinateurs dans leur langue originelle.







Etonnant non ? Des gens dans le monde entier qui tuent le temps ensemble en réseau… en essayant de comprendre les traductions loufoques des traducteurs en ligne !!! Dans un bouquin de 1969 !!!

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

tu dois lire "la transmigration de timothy Archer" de kdick
c'est un ordre

21 octobre, 2006 02:56  
Blogger benoit said...

Ca fait des années que je l'ai lu...je crois meme que c'est moi qui te l'ai conseillé...crétin !!

22 octobre, 2006 14:17  
Anonymous Anonyme said...

non, crétin
c'est même moi qui t'ai prete "blade runner"
toi, tu m'as pr^té" le maître du haut château"

pomme

23 octobre, 2006 00:49  

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