18 juillet 2006

L'éternelle avance du Japon sur l'occident...



Ne faisant pas les choses à moitié, j'ai entamé quelques recherches sur le zen et l'art japonais en général, afin de savoir de quoi je parle avec mes calligraphies.

Ce faisant, j'ai acheté une excellente anthologie : "mille ans de littérature japonaise", chez Picquier Poche. Cette anthologie couvre la littérature classique nipponne, du VIIIeme au XVIIIeme siècle. On y trouve des choses magnifiques (mais hélas pas Les notes de chevet de Sei Shonagon, dont Peter Greenaway s'est inspiré pour son film cultissime The Pillow Book ).

On y trouve entre autres Le roman de Genji, que certains spécialistes pensent être le tout premier roman au monde (XIeme siècle).

Mais ce qui m'a frappé, c'est le Le journal d'Izumi Shibiku, qui démontre l'avance millénaire du Japon sur l'occident. L'action démarre au printemps 1003 de notre ère. Izumi Shibiku etait la maitresse du prince Tametaka, mort l'année précedente. Le frère de ce dernier, le prince Atsumichi, essaie de la séduire...



"Alors qu'elle croyait la langueur en son coeur apaisée, elle reçut la lettre suivante, à l'expression raffinée :

Des propos échangés apaisent toute peine,
Ne mesestimez pas leur efficacité.

Emouvez moi. Racontez moi votre histoire. La nuit tombée, quand nul ne vous reconnait.

Elle traça alors :

S'il est vrai que parler apaiserait ma peine,
Qu'ajouter à cela, que mon être est fragile ?


(Le lendemain, le page du Prince apporte une nouvelle lettre)


Comment allez vous maintenant ? Rassurez moi.
S'il faut parler d'amours, oublions ceux du monde.
Car mon coeur ce matin est sans comparaison.


Elle répondit :

Je n'évoquerai pas les amours de ce monde :
Ma souffrance est nouvelle et n'a pas de mémoire.


(Plus tard encore)

(...) Il était trop déconcerté pour se résoudre à la voir. Le dernier jour du mois elle écrivit :

N'étouffe pas ton chant sous des sanglots rentrés
Oiseau du mois d'Avril au monde dérobé.



Occupé par de nombreuses visites, il n'aperçut que le lendemain le message laissé depuis la veille et répondit :

Les premiers chants feutrés dispensent la douleur
Mais tourné vers le ciel on espère la suite"



En bref, n'est-ce pas fascinant ? Alors qu'en Occident, on en était péniblement aux débuts de la chanson de geste, le Japon avec mille d'avance sur nous,

inventait la drague par sms, avant même l'invention du téléphone portable !!!




7 Comments:

Anonymous Anonyme said...

oui, mais ils n'avaient pas encore le minitel rose, le vrai, le sordide, le machin où tu pianotes maladroitement un texte aussi érotique qu'une page lingerie du catalogie la Redoute. Un grand moment dans l'histoire de l'humanité !

18 juillet, 2006 22:59  
Anonymous Anonyme said...

si, si, ils avaient l'equivalent!
mille ans d'avance, qu'y t'dis

19 juillet, 2006 00:33  
Anonymous Anonyme said...

Perso, en littérature japonaise, je suis une grande fan de Haruki Murakami : pas de drague par SMS, mais du cyberjazz.
Oui, ça existe !

19 juillet, 2006 00:40  
Anonymous Anonyme said...

Quelqu'un a les coordonnées de la tante de Benoît à Paris ??Parce que là, je me fais du souci... Ah non mais, Benoît, tu te drogues depuis que t'es monté à Paris ou quoi ? Si, si, tu hallucines, comparer ce chef d'oeuvre avec la drague par sms, on ne peut pas être dans son état normal pour écrire une telle chose !

Un adon, quand même, hier j'ai presque emprunté le scénario de Greenaway pour The Pillow Book. Ce sera pour la prochaine fois, j'avais déjà atteint mon maximum de prêts quand est venu le temps de l'enregistrer. J'ai lu tout tout récemment l'Étude à propos des chansons de Narayama, de Shichirô Fukazawa, dont s'était inspiré Shohei Imamura pour son superbe La Ballade de Narayama. C'est très épuré, Imamura en a fait une oeuvre plus touffue, plus riche, mais il a dû se nourrir de plus que ces seules chansons, j'espère en découvrir plus là-dessus éventuellement. Sinon, ce sont deux films marquants pour moi et j'espère pouvoir les revisionner bientôt. Et puis un livre dont je compte m'emparer dès que son emprunteur le ramène à la biblio : Le zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc, par E. Herrigel (Bungaku Hakushi). Un essai que Jean Paulhan avait donné à Braque qui l'a donné à Cartier-Bresson, et qui aurait été de la plus grande influence morale sur CB. En attendant, j'ai commencé à lire Durix, mais si t'as d'autres suggestions...

19 juillet, 2006 23:03  
Anonymous Anonyme said...

"durix"
je propose "durix en chine", il y devient cantonais...
il y a aussi cet épisode ou durix rencontre le champion Normand"pilaf"

25 juillet, 2006 01:49  
Blogger pop corn said...

A part que je ne partage pas les considérations évolutionistes qui mettraient une différence de valeur alors que je n'y vois qu'une différence de nature entre ce que font certains peuples en un moment donné (en avance ou en retard par rapport à quoi?), je dois avouer que ce roman épistolaire est tout à fait d'actualité, son style épuré quasi documentaire extrèmement efficace et touchant. Merci de nous faire partager cette découverte. Si un jour les doigts t'en démange, n'hésite pas à nous en transcrire quelques pages.

30 juillet, 2006 15:32  
Anonymous Anonyme said...

Aaah, Picquier Poche, le lieu (virtuel) de culte de tous les amateurs de littérature Japonaise, là où on peut dénicher un roman pas déprimant de Oé Kenzaburo (si ça existe) et même des romans de Teru Miyamoto (je conseille à tous les gens de la rue des rêves)

13 octobre, 2006 11:41  

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