25 mai 2006

Le moustique préside à la destinée humaine


Les beaux jours arrivant, je retrouve mes vieilles amies les moustiques. Je dis elles, parce qu' il n'y a que les femelles qui piquent. Et comme j'ai toujours eu un succès fou avec la gent féminine, elles m'adorent. Emmenez moi en camping avec vous, vous dormirez tranquilles.

En effet, certaines personnes sont plus piquées que d'autres, car plus attirantes ; cela est dû à l'acidité que leur sueur émet en se dégradant. Les moustiques y sont extraordinairement sensibles. Parait-il que les militaires s'en servent comme detecteurs d'intrus pour leurs bases secrètes : à plusieurs dizaines de mètres, ces dames peuvent sentir une présence humaine (ce fait reste à verifier ; il tient beaucoup de la légende urbaine, mais comme je trouvais l'anecdote plaisante...).

Cependant, les moustiques restent sympas : ils ne piquent jamais sur un nocicepteur, c'est à dire un centre de reception de la douleur.

Je m'étonne du peu de place que le moustique tient dans la culture symbolique et religieuse humaine. Après tout, il a changé plusieurs fois le cours de l'histoire. On sait qu'Alexandre le grand est mort à trente-trois ans, très probablement du paludisme. Or il s'agit d'une maladie transmise par le moustique...Qui sait ce qu'Alex aurait encore accompli, s'il n'était mort aussi jeune ? Déja qu'il en avait fait beaucoup pour son age !!!

(Ce n'est pas la première fois que les dieux se servent d'un insecte pour couper court à l'hubris*
des êtres humains. Déja, quand Bellerophon, après avoir dompté Pegase et tué la Chimère, fut pris de l'envie subite d'aller narguer Zeus et compagnie dans leurs domaines des cieux, et ce grace à son destrier ailé, Zeus envoya un taon piquer Pegase ; celui-ci se cabrant sous la douleur fit se précipiter dans le vide son présomptueux cavalier.)







Plus près de nous, en 1881 pour être précis, Ferdinand de Lesseps, déja auteur du célèbre canal de Suez, eut l'idée géniale de faire la même chose à Panama. Creuser un canal à Panama, cela voulait dire qu'un navire allant de New York à San Francisco ne parcourirait plus que 9500 km au lieu de 22500 en passant par le Cap Horn, ce qui est quand même plus pratique.

Attendez, je crois que vous ne realisez pas bien ce que je suis en train de vous dire : le canal de Panama était parti pour être français !!! Vous rendez vous compte de tous les bouleversements geopolitiques que cela aurait entrainé ? Si ça se faut, cela aurait fini un jour ou l'autre sur une guerre avec les Etats-Unis, qui ne pouvaient apprecier que très moyennement ce projet, étant à cette époque toujours dans la doctrine du président Monroe, c'est à dire "l'Amérique aux Américains". Traduire : l'Amérique (du sud) aux Américains (du nord).

Les travaux étaient bien partis, mais un problème risquait de compromettre l'entreprise, car il allait en s'aggravant : la malaria. Bien sur, c'était normal qu'il touche les ouvriers (27500 en mourront), mais chose grave, il touchait également les ingénieurs français. Malgré l'hopital du chantier, ceux-ci tombaient comme des mouches. Ajoutez à cela des difficultés financières s'aggravant (Lesseps, sans son état de santé déplorable, aurait dû faire cinq ans de prison à cause des pertes colossales qu'il fit subir aux actionnaires ), et un scandale politique qui restera connu sous le nom de scandale de Panama, et l'affaire est abandonnée.


(A noter que c'est certainement à cette époque que Paris gagne son surnom populaire de Paname. )


Les Etats-Unis reprennent alors le chantier. Et les Américains vont remarquer quelque chose, un détail, qui va s'averer capital : dans l'hopital, à l'intérieur des chambres des malades, il y a des plantes vertes. Des grandes plantes vertes. Le personnel les arrose avec abondance. Du coup, de l'eau stagne dans les pots. Et qui adorent l'eau stagnante pour y déposer ses oeufs ? Le moustique. Et qui transmet toutes ces maladies mortelles aux ingénieurs ? Le moustique. Avec la cause du mal directement en contact avec les convalescents, on était pas près d'en voir la fin.



Le canal sera mis en service en 1914. Les moustiques, dans leur infinie sagesse, ont voulu ainsi éviter qu'un sujet de tension durable naisse entre deux nations amies de longue date.



Et c'est sous la forme d'un moustique que Pazuzu aurait dû être représenté, pas d'un chat !!



*hubris : je n'en sais rien, c'est du grec. Non, ça veut dire démesure, et c'était en quelque sorte le seul pêché mortel pour les anciens Grecs.

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Donc si le moustique qui m'a piqué hier soir avait le chikungunya, je blâmerai le sens de l'Histoire ?

26 mai, 2006 07:58  
Blogger benoit said...

Seule l'histoire le dira...^^

26 mai, 2006 22:55  
Anonymous Anonyme said...

l'hubris, c'est pas l'orgueil mauvais?...
Toujours est-il que ces anecdotes intéressants, drôles et culturellement brillantes ne cesseront de m'émerveiller.
Merci, mais où trouve-t-il tout cela?

27 mai, 2006 12:27  
Blogger benoit said...

Roooh, ça y est je suis tout rouge devant mon écran...^^ L'hubris (ou hybris) est la démesure issue bien souvent de l'orgueil, qui ceci dit est toujours mauvais, vu vu que c'est la fierté des ratés... ;)

28 mai, 2006 01:13  

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