17 février 2006

Voila

...le début du projet dont je parlais et que j'ai dépoussieré ; sous réserves d'éventuelles modifications, car j'ai repris mes notes, et j'avoue qu' à quelques années de distances, j'ai des fois du mal à me rappeler ce qu'elles peuvent signifier...Mais l'idée me motive toujours, et j'espère bien le boucler d'ici quelques mois !! ( ça commence quand c'est écrit en italique hein ;) )









Ecoutons Jean-Yves Arquebuse (pseudonyme d'un futur écrivain) :

"Concept difficilement cernable que celui de mediocrité : censément la moyenne jugée négativement. Etre médiocre c'est être moyen, donc au dessus de la nullité. Or le médiocre s'expose à plus de mépris que le nul, car le nul peut provoquer des réactions (le nul a même ses adorateurs ) ; il interpelle plus que le médiocre. Pourrait-on en conclure que la vraie nullité, c'est de ne pas l'être assez ? Pourtant le médiocre peut aussi confiner au sublime, et ce sublime découle de son esthétique. Un parcours sans fautes est souvent ce qui le dissimule le mieux, et par-là ce qui permet de le détecter au mieux. Sa beauté se révèle alors dans toute la fraicheur de l'inattendu ; quel miracle ne faut-il pas pour réussir l'équilibre parfait, loin des antipodes, eurythmie d'autant plus souveraine qu'elle est involontaire !!! Ce miracle, je veux le faire découvrir au public. D'ordinaire, le balancier de notre jugement s' incline-t-il à peine, que nous procédons déja à une catégorisation manichéenne. La moyenne, répètons-le, est tôt ou tard déconsidérée, du moins tacitement. L'équité ne fait pas partie du champs perceptif humain.

Il faut oser le proclamer : des pans entiers, des isthmes entiers de la médiocrité restent à explorer. On pourrait rétorquer que Flaubert l'a fait depuis longtemps, et que là-dessus Perec a surenchéri. Je dois réussir à me faufiler entre les deux. Flaubert n'était pas un véritable esthète du médiocre - en dépit de son dictionnaire des idées reçues -, son oeuvre est entachée de parti-pris. Perec est plus un topographe qu'autre chose. Aucun n'a su trouver la bonne distance,permettant au regard de l'ethnologue de s'exercer. Mieux que de la dénoncer, il faut rechercher la médiocrité méticuleusement, savoir la repérer sur son fond terreux, en dépoussierer soigneusement les contours afin de préserver son éclat originel. La littérature du dix-neuvième siècle a dévalué notre vision du médiocre, elle y a introduit la notion de pêché. Il est nécessaire d'en retrouver l'essence.

On pourrait par exemple composer une "vie des médiocres bibliques" : ainsi la vie des treize petits prophètes ( par opposition aux trois grands : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel). Nahum, Habacuc, Sophonie, Amos...combien de puritains ont porté leurs prénoms ? Mais ici, à cause de la démonstration, ma théorie s'avance à découvert. L'indignation et le mépris peuvent s'élancer. L'indignation va bien sûr saisir la perche qui lui est tendue : la subjectivité. "De quel droit vous permettez vous...sur quoi vous basez vous pour...", l'habituelle publicité gratuite. Par contre le mépris - à la chiquenaude dévastatrice - est infiniment plus dangereux : "la pauvreté du concept originel de ce roman -présumé faire du neuf avec du vieux, ce qui n'est pas très neuf - en annule tout interêt d'avance". Je devrai donc attaquer le premier. Le portrait que je veux faire doit être chargé d'une brutalité implicite. Cela commence par le choix complètement arbitraire de la victime. Puis ensuite, brocher sa biographie de façon à ce que toute la saveur insipide en ressorte d'elle-même.

Mes pensées n'étaient pas assez développées pour en faire de la philosophie, et pas assez élliptiques pour en faire de la poésie : qu'à cela ne tienne, j'en ferai de la prose !!!

Et pour tout ça, une façon de se faire remarquer : ne pas hésiter dès la première oeuvre à paraitre suffisant, à se considérer comme une autorité. D'emblée définir le terrain et afficher ses intentions, sous peine d'être écrasé par "le demi-monde de la culture, les demi-intellectuels" comme disait Gombrowicz. Dès l'introduction, appuyer son projet en indiquant dans quelles strates on évolue, du style : "la médiocrité est souvent une lointaine descendante du succès. Qui se souvient que le plus grand succès théatral du XVIIeme siècle fut Timocrate de Thomas Corneille, même pas le grand, mais son frère ?

A chaque époque son air du temps, cela va de soi. Le tout est d'être le premier à l'exprimer. Le génie n'est peut-être qu'une question de rapidité.








A suivre donc...en attendant, j'attends vos commentaires, allez-y lachez vous, je sais encaisser, attaquez en boom'n zoom !!!

5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

magnifique, Desprogien, largement au-dessus de la moyenne, nous atteignons des strattes supérieures, oui, encore, hoahoahoa...

18 février, 2006 01:11  
Anonymous Anonyme said...

Ça m'a tellement plu comme concept que j'en ai usé chez Assouline, imagine !

21 février, 2006 02:35  
Anonymous Anonyme said...

Je suppose que personne ne lira jamais ceci, vu que j'ai un mois de retard, mais néanmoins: théorie intéressante, tout à fait proche de ce que je peux attendre d'un "jeune écrivain": pas d'humilité, pas de fausse filitation. Tudieu, faudrait que tu lises Haruki Murakami, mon cher, si ce n'est déjà fait (ça n'a rien à voir en fait, mais ce que tu as écrit m'a fait penser à Danse Danse Danse, de l'autre ci-avant nommé, en fait). Je déséspère un peu cela dit, tu écris mieux que moi...oui je sais tu sais pas qui je suis, mais saches que moi non plus.

24 mars, 2006 14:20  
Blogger benoit said...

héhé pas de chance, le commentaire est lu !!! Et merci beaucoup d'ailleurs !!!

24 mars, 2006 19:27  
Anonymous Anonyme said...

merci, je ne savais pas que mon chien avait un nom de petit prophète.... Tu m'en apprends décidement beaucoup très cher. Très bien continue comme ca espèce de lâcheur.....

03 avril, 2006 10:20  

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